lundi 31 août 2009

Néron dit NADJA


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Trouver l'Âne parfait* n'est pas une chose simple.
j'en ai bien rencontré au moins une centaine avant de savoir instinctivement que les deux oreilles poilues qui s'avançaient au loin appartenaient à mon futur âne.

Définition de l'Âne parfait (selon mes critères...):

Coté physique:

Animal d'environ 1.30 mètre au garrot (sommet du dos sur les épaule).
2 très grandes oreilles ultra mobiles de préférence très poilues, pour entendre de très loin tout ce qui se passe, éviter aux poussières et débris de tomber dedans et être à l'affût permanent.
4 robustes jambes terminées d'un coté par des sabots monobloc incassables produisant un son quasi métallique sur le béton ou l'asphalte, et de l'autre par de puissants muscles de marathonien.
Dos horizontal et plat (pas de vertèbres saillantes) pour porter sans souffrir une charge sur des milliers de kilomètres.
2 grands yeux doux et pétillants, signe de tendresse, de vitalité et d'assurance.
2 grands naseaux pour une bonne ventilation du moteur.
1 grande queue munie de longs poils pour bien chasser les mouches.

Coté cerveau:

Je souhaite un âne calme, facétieux, drôle, confiant et sûre de lui.
Capable de prendre des initiatives mais aussi d'accepter les miennes. Respectueux, franc et non peureux. Un âne avec du caractère, ce qui ne signifie absolument pas "un sale caractère"...

Coté race: sans importance.
Coté budget: ce n'est pas vraiment un critère.

La rencontre:
Nous avions rendez vous au petit matin avec l'éleveur sur la place de l'église de Pontaumur. Au bout d'une piste nous débouchons sur le champ. Des ânes sont là, nous accueillent bruyamment. Ce sont tous des entiers âgés de 4 à 8 ans, certains sont de véritables géants d'1m55 au garrot avec des menbres de percheron (presque...)! Ils sont tous en très bon état et je comprends pourquoi en voyant la qualité du foin dans l'abri et la richesse de la prairie. D'autres ânes s'avancent du lointain, l'éleveur n'a encore rien dit, j'ai l'impression qu'il m'observe.
La semaine dernière un âne, Persil, m'avait plu chez lui à l'élevage, mais il me l'a déconseillé pour un voyage de plusieurs mois, selon lui je n'aurais pas eu de marge de sécurité. Cet homme est sérieux, cela fait 20 ans qu'il vend et loue des ânes. Il connaît son sujet et ce n'est pas un maquignon de passage. J'ai confiance en lui.
Parmi les ânes qui s'avancent au loin, je distingue 2 oreilles qui me plaisent directement. Soudain les oreilles s'arrêtent et disparaissent dans l'herbe haute... Puis remontent à la surface et recommencent à se rapprocher...Sous les oreilles poilues, de grands yeux pétillants, sous les grands yeux des grosses pattes...
L'homme me dit: "C'est celui là , là bas au fond..." ...
Ouf !!!!!! C'est "ma" paire d'oreilles !!!!!!!
Ils sont tous là maintenant, l'homme met un licol sans trop de difficulté à "Néron"l'élu, commence à marcher en ma direction pour me le confier, j'étais accroupi, je me relève quand d'un seul coup le bourricot décide de retourner d'où il vient ! Merde, ça commence fort !

Le filou s'arrête au bout de 30 mètres assez proche de moi et me regarde, je m'approche, il fait encore 3 mètres, s'arrête en plein milieu d'une belle flaque de boue et j'ai comme l'impression qu'il  me nargue...
Je prends la longe qui traîne au sol et dit "Ya, allez viens", Monsieur l'âne comprends visiblement ma langue et me suit. (non mais...) 30 mètres plus loin, Néron le terrible fait demi tour, plein cul, et est stoppé dans son élan par Gilou le prévoyant qui avait subrepticement fait un noeud en boule au bout de la longe. (haha).
Les 2 oreilles se retrouvent donc en face de moi et je l'entends se dire: "il est encore là celui là ???).
Donc : "Ya, allez viens ...) et on remonte le champs, de 40 mètres cette fois et rebelote: 3 sauts de marsouins et 2 saltos plus tard, j'entends Néron se dire:
"Ce mec doit avoir un truc important à me dire, ça n'engage à rien de l'écouter..."
Donc nous sortons du champ bras dessus bras dessous.
(Gilou le renard qui a déjà pêché l'espadon dans les mers du sud, dansé la biguine sur les îles de l'océan indien et joué au rugby au CAB ne va quand même pas lâcher un âne, même auvergnat, pour quelques cabrioles, non mais... ).

Tous les copains sont à la porte du champ et nous nous éloignons un peu pour faire connaissance.
Néron est très courtois et se laisse examiner: les dents, les oreilles, le ventre, prendre les 4 pieds sans aucun problème.
Il a 7 ans, c'est un bel âne, de père Baudet du Poitou et de mère randonneuse ONC.
En cette saison son poil est court sauf dans les oreilles. C'est mieux pour la rando, car des brindilles ou graviers peuvent rester dans des poils longs malgré le brossage et provoquer des blessures sous le bât.
Nous discutons un peu avec l'éleveur quand Néron dit NADJA se fige et fixe son regard à 10 mètres en baissant la tête.
Il y à là bas un gros fût rouillé de 200 litres couché dans le buisson et ça inquiète monsieur l'âne.
Nous approchons donc à pas feutrés de l'ennemi, je baisse aussi la tête pour bien montrer à Néron que je cause âne moi aussi, et je balance un grand coup de tatane dans la tête du bidon et m'assois dessus en signe de victoire.
Néron m'a suivi en bout de longe, nous passons à côté du tonneau à qui il ne daigne même pas accorder un regard. (non mais...).

Ce "petit" âne est bien, il est courageux, il aura vite confiance en moi et sera un compagnon sûre.

J'avais déjà craqué, je craque un peu plus et nous ramenons Néron quej'envisage de rebaptiser Nadja avec ses potes. Je lui retire son licol, lui mets une tape sur la croupe en signe de salut. Il part raconter le coup du tonneau à ses amis.
Je m'éloigne, puis me ravise et retourne le voir sans longe ni licol.
Je lui prends l'encolure, lui fait un câlin sur le nez et m'éloigne, il me suit quelques pas et je sors du champ.
C'est un bon âne, nous serons vite complice et je craque une 3ème fois ...
Nous allons terminer la discussion à l'abreuvoir pour humains du village, et l'affaire est conclu avant la fin du premier verre d'apéritif à la gentiÂne.

Dés que les mouches auront disparues, le vétérinaire procédera à la castration.
Ce n'est pas une décision motivée par la jalousie... mais pour la sécurité du voyage et aussi pour ne pas trop semer le dawa dans les monastères de moniales où j'aurais l'occasion de dormir en chemin...
Puis Néron dit Nadja, viendra chez moi rejoindre Kali et Persil, que j'ai décidé de prendre aussi car c'est un bel et bon âne, déjà randonneur, il servira de prof à Nadja et tiendra compagnie à Kali lors de mes voyages. Avoir 2 ânes pose un problème de solitude à celui qui reste à la maison lors des voyages.

Et voilà, deux mois pour trouver un âne, on me l'aurait dit je n'y aurais pas cru !!! Maintenant il va falloir patienter encore un peu plus d'un mois pour l'avoir à la maison, mais il n'est pas très loin et j'irais me balader un peu avec lui de temps en temps.


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