mardi 22 décembre 2009

LIVRES DE PIERRE ET PLANTES MEDICINALES

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Être en bonne santé physique, morale et spirituelle a toujours été pour l'homme le premier bien. Depuis la plus haute antiquité, les Anciens, qui avaient remarqué l'influence des rythmes saisonniers et de l'environnement sur la santé, avaient recherché les correspondances qui pouvaient exister entre l'homme, les planètes, les minéraux et les plantes.
Pour Hermès le Trismégiste qui a écrit un traité sur le sujet (l'Iatromathématika), la maladie survient chaque fois que la bonne influence des astres fait défaut, et il convient alors d'y suppléer en recourant aux animaux, aux plantes ou aux pierres de la même série verticale, c'est-à-dire à ceux des êtres des trois règnes qui dépendent du même patron céleste, en sympathie avec lui, et qui sont pénétrés de ses effluves et de son énergie.

Pour les alchimistes du Moyen Age, sept métaux : l'or, l'argent, le mercure, l'étain, le plomb, le fer et le cuivre sont reliés aux sept planètes Soleil, Lune, Mercure, Jupiter, Saturne, Mars et Vénus.
Saturne, Jupiter et Mars ont une action sur la racine des plantes, le soleil sur la tige et les feuilles, Mercure et la lune, sur les fleurs et les fruits.
La biologie moléculaire moderne, par des techniques les plus sophistiquées a découvert récemment que les sept métaux, ainsi que les émissions telluriques ou l'intensité des rayonnements cosmiques produisaient des variations particulières dans la molécule d'ADN et qu'à l'échelle vibratoire, la vie résulterait d'un équilibre dynamique entre l'influence des ondes reçues et celles des ondes émises par une cellule ; et que l'équilibre énergétique d'un individu, donc sa santé, dépendrait en premier lieu, du maintien constant de l'équilibre oscillatoire de toutes les cellules qui le composent. La loi de correspondance des Anciens est en fait une loi énergétique portant sur les résonances de fréquence entre différentes sphères énergétiques, et on a démontré comment la qualité de ces sphères avait une influence sur notre physiologie, notre sensibilité à telle maladie ou, sur le plan spirituel, notre capacité à une élévation exceptionnelle de notre conscience.
On comprend alors pourquoi, dans les églises romanes (livre de pierre) dont les bâtisseurs voulaient faire de véritables instruments de revivification et de rééquilibrage, l'on propose aux fidèles de s'engager sur un chemin de vie dont les étapes sont autant de sphères énergétiques différentes.
Et on comprend aussi pourquoi ce chemin est jalonné de chapiteaux dont les sculptures, pour souligner cette progression énergétique représentent tant de plantes médicinales, plantes dont, au Moyen Age, on reconnaissait les qualités thérapeutiques précises.
Ce qui frappe d'abord l'observateur averti, c'est que les plantes représentées sont toujours celles de la région où se situe l'église, c'est-à-dire dans l'environnement immédiat des fidèles pratiquants.
Il est donc probable, comme le signalait Henri Vincenot dans « le Pape des Escargots », que les prétendues feuilles d'acanthe des chapiteaux de Saulieu, soient tout simplement des feuilles de chélidoine, telles qu'on en trouve encore dans cette région de la Côte-d'Or.
De même, il est peu certain que les grandes fleurs en forme de soleil qui ornent de nombreux chapiteaux romans soient des fleurs de tournesol, cette plante n'ayant été introduite en France qu'au XVIe siècle.
Ce qui bien souvent nous empêche de comprendre et fausse notre interprétation, c'est notre besoin de vision naturaliste des choses. Or le Moyen Age ne parle que par le symbole. Il y aura donc dans la représentation d'une plante, une vision holistique avec un classement volontaire des différentes parties de la plante, selon que son action s'exerce sur le plan physique ou sur les plans subtils, de la même manière que Régine Pernoud,  a expliqué qu'un personnage était représenté par rapport à son importance, et non par rapport à la perspective. Nous avons là, une lecture totalement anthroposophique du chapiteau (2éme livre de pierre) , bien avant Rudolph Steiner !
Rappelons que pour la botanique anthroposophique, les plantes ont trois systèmes :

1) Un système racine : très minéralisé qui correspond à la tête de l'homme. Les remèdes extraits des racines agissent sur le neuro sensoriel. La racine relie la plante à la terre, au monde minéral. Elle est en « contact percepteur » avec son milieu terrestre.
De même, la tête humaine, par ses organes sensoriels est en contact avec son environnement physique, avec le monde sensible.
La racine, par son pouvoir sélectif d'absorption des substances minérales, développe un processus de minéralisation qui envahit toute la plante. De même, des processus de solidification et de minéralisation partent de la tête, partie la plus minéralisée du corps humain, et du système nerveux.

2) Un système feuille : c'est le rythmique de la circulation et de la respiration, qui donne des remèdes pour ces maladies. Les systèmes rythmiques de l'homme et de la plante se correspondent et forment une polarité.
Chez la plante, l'appareil foliaire de par son étagement et sa répétition organisée des nœuds agit comme un véritable système rythmique. Il a son équivalent chez l'homme où la colonne vertébrale et les côtes thoraciques sont structurées rythmiquement. La respiration et l'assimilation chlorophyllienne des plantes, sont en polarité avec la respiration humaine. La feuille prend de l'acide carbonique à l'atmosphère, crée les hydrates de carbone nécessaires à la construction de la plante et rejette de l'oxygène. Le système rythmique de l'homme absorbe de l'oxygène et rejette du gaz carbonique. Tandis que la plante poursuit un processus de densification du carbone, l'être humain par sa respiration, déconstruit la matérialité carbonée du corps.
La polarité entre la plante et l'homme se retrouve également dans la relation existant entre la chlorophylle et le sang. Les structures moléculaires de la chlorophylle et de l'hématine sont très proches, avec quatre noyaux pyrroliques regroupés autour du métal respiratoire (magnésium chez la plante, fer chez l'homme).
En outre la chlorophylle verte à une fluorescence rouge sang, alors que le sang rouge a une fluorescence vert épinard.
Le système rythmique agit chez l'homme comme un médiateur entre les deux pôles opposés que sont la tête et le métabolisme.
Chez la plante, ce processus rythmique est à mi-chemin entre les processus de la fleur et ceux de la racine.

3) Un système fleur : c'est le système métabolique et les membres qui lui correspond chez l'homme et d'où vont découler les médicaments soignant non seulement ce système mais aussi les troubles de l'appareil génital. Avec la fleur, la plante accède à un domaine de structuration supérieur. La couleur verte et la fonction assimilatrice de la feuille disparaissent, le rythme arithmétique de la structure foliaire se transforme et cède la place à un mouvement circulaire. « L'espace de la feuille est un espace extérieur tandis que la fleur délimite des espaces internes. La fleur exhale des senteurs, des couleurs, de la chaleur, du nectar et du pollen ; ce qu'elle inhale lui vient de l'atmosphère ou de l'activité animale (pollen). A la dernière contraction, qui est celle de la graine, se joint la dernière expansion : le gonflement du fruit. Avec le fruit, le monde extérieur devient quelque chose d'intérieur. De même que la plante a besoin dans sa racine, d'eau et de sels minéraux, elle a besoin, dans le fruit, de chaleur, de rayonnement cosmique : la force de l'été est enfermée dans la genèse du fruit. Aux organes de reproduction de la plante correspondent les organes de l'abdomen chez l'homme. Mais alors que la plante est un être «ouvert au monde » dont le processus métabolique est déterminé par l'incorporation des influences cosmiques, l'homme a pris en lui et intériorisé dans le monde de ses organes internes, les centres d'impulsion de ces influences. Le foie, le rein, la vésicule biliaire, le cœur exercent d'une manière autonome, en collaboration avec l'entité humaine globale, les activités que la plante ne peut déployer qu'en collaboration avec l'univers extérieur (1) . »
1. Wilhelm Pelikan, L'homme et les plantes médicinales, Éditions Triades.

Ainsi sur les chapiteaux, la plante sera schématisée, en fonction de la partie, racine, feuille ou fleur que l'on voudra privilégier.
C'est ainsi que bien souvent, on a pris de grandes carlines pour des tournesols.
On peut considérer qu'il y a trois sortes de schématisation. La première garde un caractère naturaliste, et la plante est encore reconnaissable sur le plan botanique. La seconde pousse la stylisation à l'extrême, sans se soucier de la réalité. La troisième enfin devient une allégorie à elle seule, un dessin imaginaire dont la représentation peut nous paraître absurde et où il apparaît que nous avons perdu définitivement les clefs. Et plus la plante est exotique, plus on a des chances de trouver une représentation énigmatique, dont le message ne nous parle plus aujourd'hui.
De plus, le langage n'est pas universel. Les plantes représentées, sont le plus souvent celles propres à la région. Il faut parfois se pencher sur l'évolution des pays pour comprendre.

L'Auvergne, que l'on définit aujourd'hui, paradoxe médiatique, comme un plateau de fromages, était chez les Gaulois, l'Ar-Verni, c'est-à-dire le pays face au marais. Aujourd'hui, les marais ont tous disparu. Il n'empêche qu'une grande partie des plantes médicinales représentées sur les chapiteaux romans de nos églises romanes sont des plantes de région proches des marais. C'est un détail de plus à prendre en considération, région par région, pour comprendre le langage symbolique des chapiteaux de feuillages.

L'homme du Moyen Age était en relation avec le monde invisible. C'est pourquoi « l'herboriste est en toute circonstance un quémandeur d'assistance au végétal qui reçoit et transmet les forces de guérison. Une invocation propitiatoire peut alors aider à la conservation de ces énergies dans l'herbe arrachée au lieu qui la nourrit et la dynamise. C'est aussi un témoignage de respect, de reconnaissance à l'égard de l'être muet qui a été créé pour porter assistance à celui "qui a l'intelligence du mystère" Oswald Crollius 1624)...
Ce rapport de connivence déférente avec le végétal ... peut faire sourire en notre temps où, séparés du monde, je laisse à la physique théorique le soin d'établir une "unification de forces" toujours hors de portée de la perception commune. Au Moyen Age, l'homme est encore un peu frère de la plante dans l'unité du monde créé.
Le remède n'est pas plus fortuit que le poison : tout procède d'une intention supérieure (ou inférieure, les sorciers s'en souviendront !). Dans les contes, les animaux et les fleurs parlent à l'homme. Dans les champs, l'herboriste peut encore parler à la plante. La belle "prière à la Bétoine" (2), qui associe Esculape au dieu de l'Église rappelle aussi qu'il s'agit de l'écho d'un rapport à la nature bien antérieur aux temps chrétiens... Le rapport de personne à personne avec le végétal est l'héritage des millénaires infiniment lointains où le mythe était l'intelligence du réel et fondait sa maîtrise...

2. Cette herbe protège l'âme et le corps des hommes et garde ceux qui vont de nuit de tout charme et danger. On doit la cueillir au mois d'août. Mais avant de la cueillir, il faut dire d'un cœur dévot, en se penchant sur elle, cette prière : « Herbe bétoine, qui au commencement fut trouvée par Esculape, je te requiers par cette prière, toi qui es appelée la dame de toutes les herbes, et par Celui qui ordonna que tu fusses créée pour œuvrer dans tant de médecines, à savoir quarante sept, je te requiers de bien vouloir m'aider dans toute chose que je voudrais. »

« L'attention au cycle des astres fait aussi partie des devoirs du récolteur : il règle la fluctuation des pouvoirs de la plante au long de l'année comme il influe sur le cours des humeurs et le destin des hommes (au Moyen Age, l'astrologie est un savoir majeur, l'astrologue un personnage influent auprès des princes). Dans la circulation universelle des énergies, la correspondance entre corps et nature est à la fois une évidence vécue et l'assise de tout le système thérapeutique. »

Le Livre des Simples Médecines, nous apprend que la plante apparaît le plus souvent, comme une interlocutrice, comme un objet chargé, capable de soigner par sa seule présence ou de permettre, grâce à un rituel spécifique, de libérer des forces nécessaires à la guérison. Certaines plantes comme le cyclamen, demandent dans leur emploi une connaissance astrologique et une magie analogique, qui implique la participation du malade. A l'origine de toute médecine, il y a toujours recours à un pouvoir de guérison, plutôt qu'à un simple remède. Nous sommes, là en pleine médecine énergétique ! Ce livre nous rappelle également ce qu'allait développer par la suite Paracelse, avec sa « doctrine des signatures », à savoir qu'il existe une médecine analogique et que certaines plantes ne libèrent leurs énergies que par rapport au respect d'un ordre universel. Le semblable guérit le semblable. On a ainsi constaté que des plantes ayant une vertu particulière trouvent une ressemblance, soit avec des parties du corps spécifiques ou avec une forme qui rappelle des maladies.
C'est ainsi que la Buglosse à trois branchettes, guérit la fièvre tierce, celle à quatre branchettes, la fièvre quarte.
La Laitue permet aux femmes d'avoir « abondance de lait ».
L'ortie aux racines jaunes, soigne la jaunisse.
La noix, qui ressemble tant aux deux lobes cérébraux, sera utilisée dans les cas de folie ou de perte de mémoire.
Le haricot dont la forme rappelle le rein, soigne les affections de cet organe. Les exemples sont sans fin !!!
Mais ils sont encore aujourd'hui la base de la pensée homéopathique. Et les plantes à suc jaune, comme la chélidoine ou la racine d'ortie, ne sont-elles pas utilisées pour guérir les affections des organes, qui eux-mêmes sécrètent un suc de même couleur comme le foie ou la vésicule biliaire ?
Et est-ce une coïncidence, si en géobiologie, il est arrivé de mesurer l'Eifs d'un chapiteau de Chélidoine, qui vibrait en jaune magnétique ?
De même en médecine holistique (ensemble des médecines « douces ») ne dit-on pas aujourd’hui que l'essentiel en l'homme est invisible et non directement accessible aux sens. Alors que la science continue à nous répéter que tous les phénomènes doivent être quantifiants et reproductibles, tant il est vrai qu'hors de la mesure, la science n'existe plus.
Le professeur Monod, un jour,  a affirmé que « la vie est apparue sous l'effet du hasard et de la nécessité ». Or cette affirmation entre en contradiction avec les principes de la thermodynamique et de la théorie générale des systèmes qui veut dans ses deux principes :
—que l'énergie ne se crée point : elle ne fait que se transformer (même si l'origine de l'énergie nous est encore inconnue) ;
—qu'un système laissé au hasard évolue d'un niveau d'organisation donné à un niveau d'organisation inférieur (entropie).
La néguentropie (évolution supérieure du système) nécessite :
—un substrat (matériel chimique) ;
—de l'énergie (matériel physique) ;
—des informations, qui permettront à l'énergie d'agir de façon coordonnée au sein du substrat.
La médecine holistique se propose d'identifier les troubles de l'information au sein du système ouvert, autorégulé et hiérarchisé, qu'est le corps humain.
Différentes approches et méthodes thérapeutiques sont utilisées dans ce but :

— La loi d'identité :
« Une substance à dose infinitésimale, diluée et dynamisée, a une activité sur son propre métabolisme. » Cela a été démontré par de nombreuses expériences scientifiques et a donné naissance à d'importantes applications pratiques: Oligo-éléments, Sels Biochimiques de Schüssler, Isothérapie, Organothérapie, Biothérapie gazeuse, etc.

— La loi de similitude :
C'est un concept plus large, basé sur « la comparaison systématique de la totalité des symptômes observés sur un malade avec la totalité des symptômes induits par un remède chez le sujet sain ».
Cette loi est utilisée depuis des siècles par les médecins du monde entier. Son application pratique aux symptômes cliniques a donné naissance à l'homéopathie avec Hahnemann en 1855 ; son utilisation sur les symptômes physiques, est à l'origine de l'acupuncture et de l'ostéopathie avec Still en 1875. Elle a permis en 1970 au Centre Européen d'Informatique Avancée (CEIA) en travaillant sur les symptômes biologiques d'établir les premiers profils biologiques de malades selon des critères incontestables. Elle a en plus donné les HTS (Homéo-Tests Sériques) en 1985.
Source sur les médecines holistiques : I.B.S., Institut des Bio-Stimulations. Lyon.

— La loi d'analogie :
En dehors de la similitude des symptômes, il peut exister entre le malade et ses possibles remèdes une similitude de phénomènes: de formes, de couleurs, etc. de comportements sociaux, écologiques même (isomorphisme).
La loi d'analogie est utilisée depuis des siècles en médecineindienne (Ayurvédique) et africaine (Animisme). Ses applications pratiques nous ont donné l'alchimie avec notamment Paracelse
(1493-1541), la médecine anthroposophique avec Rudolph Steiner (1861-1925) et la symbolique analytique avec Jung en 1925.
Le lecteur non averti de la science des énergies doit se demander pourquoi cette présentation de l'herboristerie du Moyen Age vient se heurter aux médecines holistiques, alors que nous parlons des chapiteaux romans :
Et bien, parce que les chapiteaux de feuillages, avant d'être la représentation d'un gigantesque herbier, ne sont que des émetteurs énergétiques qui utilisent ces trois lois d'identité, de similitude et d'analogie pour soigner et guérir les gens, dans la mesure de leurs possibilités d'élévation spirituelle!!! rien de moins !

De même que chaque cellule du corps humain possède en elle l'ensemble des potentialités de l'individu, chaque chapiteau comme un hologramme, possède en lui-même l'information de la plante médicinale qu'il représente. Il peut ainsi transmettre la même énergie que libérerait la plante, à condition qu'il soit utilisé conformément aux cycles cosmo-telluriques qui conditionnent la vie de la plante elle-même.
C'est ainsi que, par exemple, dans toutes les églises dédiées à la Vierge, nous allons voir fleurir sur les chapiteaux, les herbes de la Saint-Jean, qui seront à leur maximum d'intensité au solstice d'été, à la Saint-Jean, date à laquelle il faut les ramasser, car c'est à ce moment-là qu'elles sont à leur maximum énergétique. Et ce jour-là, le soleil sera notre guide et éclairera les chapiteaux concernés. 
L'église (livre de pierre) apparaît ainsi comme un gigantesque athanor qui donne petit à petit, tous ses secrets à l'homme. Mais cela nécessite de sa part un besoin de résonance, de participation intérieure et de prise de conscience. A ce moment-là seulement, tout nous sera donné. Car il ne faut pas oublier que les plantes représentées sur les chapiteaux n'agissent pas que sur le corps. C'est souvent au niveau des plans supérieurs de conscience que les résultats sont les plus spectaculaires. Elles changent le comportement de l'homme en profondeur pour en faire un homme nouveau. En cela elles ne sont que les ancêtres de la spagyrie et des élixirs floraux. Est ce cela qui métamorphose le pélerin ? Je le crois et je vais le vérifier au cours de ma carav'âne 2010.
Dans mes recherches sur les églises d'Auvergne, j’ai pu commencer notre herbier divin. Les plantes que j’ai trouvées varient d'église en église et sont adaptées à la région, il faut donc que chacun cherche chez soi pour établir un véritable herbier énergétique des églises de France.
Car nous sommes loin d'avoir tout découvert.
Mais pour cela nous avons un guide, la fameuse Prophétie d'Isaïe, qui nous dit ce qui nous arrivera si nous n'avons plus peur et sommes capables de nous prendre en charge.

« ... Fortifiez les mains qui tremblent
Affermissez les genoux qui flageolent,
Dites à ceux dont le cœur défaille :
« Courage ! N'ayez plus peur !
"Voici votre Dieu
Et avec l'établissement de ce qui est juste
Dieu lui-même va venir et il vous sauvera !"
Alors s'ouvriront les yeux des aveugles
Et les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme une gazelle
Et la langue du muet se déliera
Les Eaux jailliront dans le désert
Et les torrents dans les landes arides
La terre brûlée se changera en lac
Et la lande desséchée en source d'eau vive.
Oracle du Seigneur Tout-Puissant. »

Toutes les plantes que j’ai trouvées étaient connues au Moyen Age pour avoir un effet thérapeutique, parfois toujours utilisées aujourd'hui ; mais de plus, toutes avaient une fonction sur les plans subtils, et ce rôle est aujourd'hui complètement oublié.
Je ne vais pas ici faire un catalogue d'herboristerie, je me contenterais de signaler les points principaux.
Cela portera surtout sur les influences subtiles, telles qu'elles étaient perçues au Moyen Age.

ANGÉLIQUE (Angelica Archangelica), herbe aux anges, herbe ou racine du Saint-Esprit.
Très célèbre au Moyen Age, elle doit ses noms de « Plante du Saint-Esprit », au fait que sa force thérapeutique ne peut être trouvée que par intuition. A un moment où une épidémie de peste ravageait l'Europe, on raconta qu'une révélation de l'archange Raphaël enseigna aux hommes à se secourir par la pimprenelle, l'angélique, la gentiane, les baies de genévrier et la sanguinaire. 
Paracelse disait qu'elle renforce les pouvoirs immunitaires.
Les racines de cette « herbe aux anges » sont de véritables réservoirs de force cosmique, de vitalité et d'énergie. Elle entrait dans la composition alchimique des élixirs de longue vie, et on la retrouve encore aujourd'hui dans la liqueur de la Grande Chartreuse.
Les anciens disaient qu'elle était bonne à « recréer le cœur » et à prolonger la durée de la vie. Bonne contre les fascinations. Portée au cou par les petits enfants, elle préserve des maléfices.
Mes chats ont tous une étrange fascination pour un gros pied d'angélique de mon petit jardin gaulois..

ARISTOLOCHE (Aristologia rotonda, Aristologia îongua).
Il y a deux sortes d'aristoloches, la ronde et la longue. La ronde est plus en usage, sa racine doit être cueillie avant qu'elle ne porte des fleurs. Elle était connue dans l'antiquité pour faciliter les accouchements, d'où son nom (aristos : excellent et lokia: accouchement). Cette plante solaire a la réputation de chasser le venin et de soulager les possédés. Mise sous le lit d'un enfant malade, elle le ramène à la santé, car elle chasse de toute diablerie et supprime tout tourment et tout mal. L'aristoloche est particulièrement reconnaissable sur les chapiteaux d'Orcival.

ARUM (Aaro), Gouet ou Pied de Veau, surnommé aussi Outil du Prêtre.
Il y a deux variétés d'Arum. Parce que son nom vient d'Aaron et de sa verge, on lui donne le pouvoir d'arrêter le venin, faisant en cela référence au Serpent d'Airain de Moïse.
Il y a souvent une confusion entre le gouet, l'outil du prêtre, appelle ainsi parce que la plante possède une grande cape, semblable à celle des prêtres, et l'Arum Dragon (Iarus), lui-même confondu avec la serpentine, car elles ont toutes les deux, selon la loi d'analogie, du fait de leur inflorescence, le don de protéger des serpents.
Cette plante purgative, qui pousse dans nos fossés au printemps, est celle que prennent tous les animaux qui ont hiberné  (ours, marmotte) ce qui leur a obstrué le fondement. Seule l'apparition du gouet les libérera, et ils ne sortent de leur hibernation que quand la plante a poussé.
L'Arum est sexué avec son épi long, mâle et le court femelle. Ce qui explique qu'on ait pu souvent la rapprocher de l'homme, toujours selon la loi d'analogie. Nous allons le retrouver à Thuret où, nous le verrons, il sert de purge au singe tellurique. C'est lui l'arbre sexué qui soutient l'adolescent malingre d'Aulnay. Nous le trouvons aussi à l'église de la Daurade à Toulouse, dans le chapiteau appelle injustement « la chasse à l'ours ». Sa présence est constante, aussi bien dans la cathédrale Saint-Denis, que dans les églises du Languedoc. Et ce thème sera particulièrement repris par les premiers sculpteurs gothiques.

ASPERULE — Herbe de Vigne.
L'herbe de vigne est aussi appelée herbe à l'esquinancie, parce qu'elle soigne cette maladie et tout ce qui touche aux problèmes de voix et empêche de parler. Mais elle était surtout utilisée pour ses pouvoirs magiques. Quiconque portera cette herbe sur lui sera préservé de toute diablerie, et la mettre à la porte de sa maison en garde tous les habitants. « Mais il n'est pas damné celui qui ne le croit pas. »

AULNE — Vergne.
Le Vergne a toujours été considéré comme un arbre magique.
Chez les Celtes, c'est l'arbre sacré sous lequel jaillissent les sources saintes. C'est un arbre imputrescible. C'est pourquoi il a toujours été associé à l'eau. Dans le cheminement de l'église, il est d'une aide précieuse, car sa représentation est toujours placée sur un courant ou un croisement de courants d'eau souterrains. Son bois a toujours été recherché pour faire les baguettes magiques, du fait de ses propriétés. Comme c'est un des seuls feuillus à être encore en vie en hiver, il a été considéré dès la plus haute antiquité comme l'arbre de la vie après la mort. Il permettrait selon les superstitions de ce fait, de ressusciter les morts.
Fidèle à sa loi d'analogie, l'imagier du Moyen Age a souvent représenté le Vergne, par rapport à l'importance de l'endroit où il se trouvait. Ce qui explique pourquoi nous rencontrons souvent dans les églises auvergnates des pommes de pin, qui ne correspondent guère ni au pays (face au marais), ni à la tradition (saint Martin considérait le pin comme un arbre démoniaque). Ce sont en fait des cônes ligneux de vergne, dont la taille a été grossie pour marquer l'importance de l'eau qui passait dessous.
Nous allons le retrouver à Notre-Dame-du-Port, et à Saint Saturnin notamment. Henri Vincenot dans « Les Étoiles de Compostelle » nous apprend que : « Les feuilles d'aulne, l'arbre magique des gaulois, dont le bois tourne au courant souterrain des eaux, tu le retrouves aussi à Saulieu, sur le troisième pilier du collatéral nord de la basilique. »
Mon baton de pélerin sera en Vergne, j'ai déja repéré la branche.

BISTORTE (Polygonum bistorta)
Comme son nom l'indique, cette plante est deux fois tordue, de par la forme de sa racine. Elle a une forme étrange, serpentine. C'est un astringent des voies intestinales et génito-urinaires. Elle favorise la conception du fait de ses vertus rétentrices.
Elle est particulièrement reconnaissable dans les chapiteaux d'Orcival.

BOUILLON BLANC (Thapsus barbatus), queue de loup, herbe
de Notre Dame.
Le Bouillon Blanc est une plante tellurique par excellence, qui pousse en forme de chandelier. Cette plante est à la fois mâle et femelle, mais c'est la partie femelle qui est la plus recherchée, car ses feuilles sont plus grandes.
Est-ce parce que ses feuilles sont efficaces contre les hémorroïdes, qu'il était recommandé au Moyen Age de s'en servir pour s'essuyer le fondement, quand on est dehors ?

CHELIDOINE (Chelidonium), Grande Éclaire, Herbe aux verrues,
Herbe d'hirondelles, herbe de sainte Claire.
Son nom lui vient du grec, chelidôn, hirondelle, car elle fleurit à leur venue. Elle est bien connue car son suc jaune a le pouvoir de détruire les excroissances. Et ses alcaloïdes permettent aujourd'hui de fabriquer des teintures mères.
Elle était fort appréciée au Moyen Age, des alchimistes qui voyaient en elle un don du ciel « coeli donum ». Elle avait la propriété de ramener les mourants à la vie et de redonner la vue aux aveugles, comme il est dit dans la prophétie d'Isaïe « Alors s'ouvriront les yeux des aveugles ».
Les hirondelles dont elle porte le nom se servent du suc de la plante pour ouvrir les yeux de leurs oisillons à la naissance.
Cueillie à la bonne époque, elle sert avec efficacité dans toutes les opérations magiques, qui ont pour but d'assurer le succès des entreprises, en particulier les procès. Si on la place sur la tête d'un malade, il chantera s'il doit mourir, il pleurera s'il doit vivre.
C'est elle que les exégètes ignorants ont confondue avec la fameuse feuille « d'acanthe grotesque ». Les chapiteaux de feuillages ont posé des problèmes au point que beaucoup de spécialistes les ont intellectualisés pour essayer de les comprendre.
On est allé alors, chercher des références dans d'autres traditions en s'éloignant ainsi de plus en plus de la source originale.
C'est le cas, notamment de la fameuse feuille d'acanthe, qui était une explication facile. En effet, l'acanthe est une plante qui figurait dans la décoration architecturale de l'Antiquité, surtout dans l'art grec. Elle caractérise le chapiteau corinthien. Dans la pratique, les Grecs n'ont utilisé l'art corinthien que dans les temples de petites dimensions, ou des monuments à usage funéraire. En effet, trop respectueux du décor architectural, ils n'ont jamais fait reposer les architraves des temples ou des édifices imposants sur des végétaux aussi frêles. Et puis, il va falloir une bonne fois pour toutes oublier de regarder vers l'est pour comprendre l'Art roman, dont toute l'inspiration est venue de l'ouest, de la tradition celtique. Et là, la feuille d'acanthe n'existe pas !!!
Elle se retrouve dans de nombreuses églises de par la France. Henri Vincenot nous la signale à Saulieu (Côte-d'or), mais on la retrouve un peu partout, Orcival, Mozat, Notre-Dame du-Port, Brioude, Saint-Sernin (Toulouse) à Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, Saint-Benoit sur Loire, etc.

CHÊNE VERT
Dans toutes les traditions, le chêne est un arbre sacré. Il est investi des privilèges de la divinité. En tous temps et en tous lieux il est le synonyme de la force et de la sagesse. C'est pour cela que Saint Louis rendait la justice sous un chêne, et que les bénédictins ont pris cet arbre comme emblème, montrant bien là, la persistance de leur héritage druidique. Le chêne est le symbole non seulement du druide, mais aussi des premiers Pères de l'Église. La feuille de chêne à 5 lobes, montre ainsi la qualité de l'homme maître de son art, car elle était la signature des maîtres compagnons.
Le chêne vert, que l'on trouve toujours représenté, sous forme de frises de feuilles, était en plus synonyme d'immortalité, du fait de ses feuilles sombres mais qui restent toujours vertes. Dans la tradition antique, il était considéré comme un arbre à foudre, de ce fait sa représentation se trouve toujours placée à un endroit tellurique important. Robert Graffin (« L'art templier des cathédrales ») a expliqué comment, à la cathédrale de Meaux, les frises de feuilles de chênes suivaient les lignes de forces telluriques du bâtiment. Le chêne vert a été également considéré comme un arbre maléfique, car c'est lui qui fournit le bois de la croix. Le poète Aristote Valaoritis rapporte cette légende à propos du chêne vert : Lorsqu'il fut décidé à Jérusalem de crucifier le Christ, tous les arbres se réunirent et s'engagèrent à l'unanimité à ne pas livrer leur bois pour le supplice divin. Mais il y avait aussi un Judas parmi les arbres ! Lorsque les bûcherons juifs arrivèrent avec des haches pour couper le bois de la croix, tous les troncs se brisèrent en mille petites pièces de manière qu'il fut impossible de les utiliser. Seul le chêne vert resta debout tout entier et livra son tronc pour l'instrument de la passion du Christ. Mais Jésus racheta cet arbre, car en mourant avec lui, il l'a transfiguré. C'est pourquoi le Christ est souvent apparu aux Saints près d'un chêne.

CLÉMATITE (Flamula)
Elle doit son nom de flamme au fait qu'elle est chaude et brûle. C'est pourquoi, au Moyen Age les mendiants l'utilisaient pour se faire de faux ulcères qui suscitaient la compassion. Verte, elle a des vertus, sèche elle n'en a plus. Sur les plans subtils, elle permet de prendre conscience de la réalité, mais dans tous ses aspects, tout en permettant à l'énergie vitale de circuler.

GRANDE CARLINE
Cette plante était très connue dans nos campagnes pour prédire le temps qu'il allait faire. Son auréole, par temps sec reste étalée au soleil, mais lorsque le soir tombe, ou que le temps devient humide, ses bractées se replient au-dessus du capitule pour la protéger des gouttes d'eau. Elle passe pour guérir de la peste. C'est l'empereur Charlemagne qui lui donna son nom.
Ayant été informé par un ange que la Carline guérirait ses armées de la peste, il s'inclina devant elle. Elle passait pour communiquer une force invincible et la magie l'utilisait. C'était une médecine contre tout venin, et sur le plan subtil, elle protège de tous maléfices et dangers.
Dans les chapiteaux romans, on l'a souvent prise pour un tournesol, ce qui sur le plan botanique est impossible, puisqu'il nous est venu d'Amérique tropicale au début du XVIe siècle. Il était donc totalement inconnu dans la pharmacopée du Moyen Age.
Orcival, Notre-Dame-du-Port, Monfermy, l'église Saint-André de Besse-en-Chandesse sont riches d'exemples où la grande Carline a été confondue avec des tournesols.

GRANDE CENTAURÉE
Son nom lui vient du fameux centaure Chiron, l'éducateur d'Achille, fort versé en médecine. Plante cicatrisante, elle permit à Chiron de soigner une blessure au pied, infligée par inadvertance à Héraclès. Très populaire, elle était cultivée au Moyen Age. C'est une plante, comme la bétoine, dont les vertus ne s'exaltent que si, avant de la cueillir, on récite sur elle des paroles incantatoires ou des prières. Elle était utilisée depuis la plus haute antiquité pour ses vertus antidémoniaques.

GRANDE CIGUË NOIRE (Cicuta)
La ciguë était connue pour ses pouvoirs anti aphrodisiaques. Elle était utilisée pour enlever tout appétit de luxure en l'appliquant sur le bas ventre. Les prêtres d'Eleusis, qui devaient garder la chasteté toute leur vie, se frottaient le corps avec de la ciguë.
Sur les chapiteaux romans, elle nous donne une clef. Car elle est toujours représentée liée en botte. Ce qui signifie que pour pouvoir l'utiliser, il faut être capable de pouvoir la maîtriser.
De nombreuses plantes dangereuses seront également représentées de cette manière.
A Orcival, on retrouve la ciguë liée en bouquet par une aspérule sur un chapiteau, ce qui compense ainsi les vertus magiques d'une plante par rapport à l'autre.

HERBES DE LA SAINT JEAN
Saint Jean représente parmi les Saints Chrétiens l'apothéose de la lumière. On le fête le dernier des trois jours qui marque le point culminant de l'ascension solaire, au solstice d'été. Le jour de la Saint-Jean le soleil ne se couche pas, il n'y a pas de nuit. Tout le ciel s'illumine, et les feux de la Saint-Jean sont la survivance symbolique de cet hommage au feu céleste. Jean est l'annonciateur, celui qui par le baptême dans les eaux du Jourdain a révélé l'incarnation christique. C'est pourquoi dans la tradition populaire, la rosée qui tombe sur les herbes avant le lever du soleil de la Saint-Jean a la propriété de garantir du mal aux yeux pendant toute l'année. 
Se baigner dans la rosée ce matin-là, était également un remède contre les maladies de la peau et un gage de longue vie. L'eau lumineuse de la Saint-Jean est associée à celle du baptême.
C'est donc une eau bienfaisante qui délivre de tous les maux, une eau de salut. Ce qui explique que les herbes que l'on doit recueillir ce jour-là, sont reconnues comme ayant des vertus médicinales exceptionnelles. Toutes les herbes, même les plus mauvaises et les plus pernicieuses, perdent cette nuit-là, leurs poisons et leurs pouvoirs diaboliques. Car toutes sont purifiées par la rosée lustrale. Par contre, les plantes que l'ont appelle « Herbes de la Saint-Jean » et que sont l'Armoise, le Millepertuis et l’Achillée Millefeuille, acquièrent cette nuit-là des propriétés extraordinaires. Non seulement elles soignent mais leur lumière leur permet de dévoiler les mystères et de chasser les démons.
Nous allons donc tout naturellement les retrouver sur les chapiteaux des églises romanes dédiées à la Vierge, qui sont à leur apogée vibratoire au moment de la fête de la lumière.
Je reparlerais plus en détail de la rosée dans une autre initiation.

ACHILLÉE MILLEFEUILLE — Herbe aux Charpentiers
Elle doit son nom aux multiples découpures de sa feuille. Et bien qu'elle soit connue depuis des millénaires, elle doit son surnom au héros grec Achille, qui ayant appris les vertus thérapeutiques de cette plante du centaure Chiron, s'en servit pour soigner un roi blessé. Plante magique chez les Celtes, sa cueillette s'entourait de rites religieux spécifiques. Tenues en haute estime par les Chinois, ses tiges fournissent les 50 baguettes végétales utilisées par la méthode divinatoire développée dans le Yi-King.
Les Indiens d'Amérique du Nord utilisaient également cette plante dans leurs rituels cérémoniels de purification.
La pharmacopée l'utilise pour ses nombreuses propriétés médicinales. Son élixir floral offre sa protection contre les influences négatives extérieures.

ARMOISE (Artemisia vulgaris)
Cette plante, qui joue un rôle essentiel parmi les herbes de la Saint-Jean tire évidemment son nom de la déesse lunaire Artémis. Ayant trouvé les trois armoises, la déesse les donna au Centaure pour qu'il en éprouve les vertus, c'est pour cela qu'elles prirent le nom d'Artémisia. Macer Floridus dans son traité « De Viribus Herbarum », au IXe siècle l'appelait déjà la mère de toutes les herbes. Il lui attribue la propriété de hâter les mois des femmes, d'aider les accouchements et d'empêcher les fausses-couches, de délivrer du mal de la pierre et de détruire l'action de n'importe quel poison. Apulée, dans son« De Virtutibus herbarum », indique que si on porte de l'armoise avec soi en chemin, on ne sent pas la fatigue du voyage, qu'elle chasse les diables cachés et neutralise le mauvais œil des hommes. C'est pourquoi encore, au Moyen Age, on la portait pour se protéger des maladies et des sorts de l'année à venir. « Qui la portera en chemin ne sera point tourmenté, car elle vaut contre les mauvaises pensées, détourne les yeux du mal et là où elle se trouve les diableries s'enfuient. » De l'armoise mise sous l'huis d'une maison fait que ni homme ni femme ne pourront nuire à cette maison.

GRANDE CAMOMILLE ou de MATRICAIRE connue également sous le nom de Arthemesia leptaphilos était parfois confondue au Moyen Age avec la petite Armoise, elle a une odeur de feu, quand on la presse. Mais la Matricaire était inconnue des pharmacopées médiévales. Elle ne fut clairement distinguée qu'au XVIe siècle.

MILLEPERTUIS (Hypericum perforatum) Herbes aux mille trous, Chasse-diable.
Les fleurs jaune vif du Millepertuis, lorsqu'elles sont frottées deviennent rouges car elles contiennent un pigment de même couleur, l'hypéricine. Les anciens herboristes l'appelaient « le sang de Saint-Jean ». Le Millepertuis possède des propriétés médicinales très intéressantes. L'huile d'olive dans laquelle l'on fait infuser les fleurs au soleil, devient rouge après plusieurs semaines et possède un remarquable pouvoir de guérison.
L'essence profonde du Millepertuis semble être révélée à travers les mystères chrétiens qui sont ceux du sang christique, force de rédemption et de guérison. On a une image impressionnante de la signature du Millepertuis, avec ses fleurs jaunes, symboles de l'Esprit solaire cosmique, qui s'épanouissent au soleil d'été et qui meurent pour offrir à la terre une substance rouge, couleur de sang.
Au Moyen Age, le Millepertuis était utilisé pour chasser les mauvais esprits et conjurer le mauvais sort. La nuit de la Saint Jean, il faut en porter sur soi pour éloigner toute sorcellerie.
On en met aussi aux portes et aux fenêtres des maisons dans la même intention.

LYS
Le lis est chez nous, en occident, ce que la fleur de lotus est à l'orient, le symbole de la blancheur, de la pureté, de l'innocence mais aussi de l'élévation spirituelle. II est devenu de plus chez nous, la fleur royale qui remplaça le crapaud solaire, qui se trouvait sur le blason de Clovis.
Le lis contient en lui-même toute l'image de la création sur l'eau des origines. C'est cette fleur que Gabriel apporte à Marie en symbole de pureté. Dans le livret qu'il a écrit pour présenter son église, Louis Perrier, curé de Besse-en-Chandesse explique très bien comment la fleur de lis du mur du fond de son église, reçoit dans son pétale central évidé en forme de vulve, la lumière le 25 mars, fête de l'annonciation. Par la pénétration de la lumière, cette fleur de lis devient le symbole de la maternité virginale de Marie.
Au Moyen Age on croyait son pollen diurétique pour les femmes qui ne gardaient pas leur chasteté.
Sainte Hildegarde de Bingen s'en servait pour guérir de la lèpre.
La symbolique du Lis a été très souvent utilisée dans la Bible comme symbole de l'abandon à la volonté de Dieu :
« Observez les lis des champs, comme ils poussent, ils ne peinent, ni ne filent, or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. » (Matthieu 6,28).

ORCHIS TACHETE (Palma Christi)
La Palma Christi est une herbe qui ressemble à Torchis, elle est également souvent confondue avec le ricin. Elle pousse dans les lieux obscurs et humides (comme les bois et les châtaigneraies).
Elle empêche la fascination, l'envoûtement et les frayeurs subites. « Palma Christi », la main du Christ te protège ! Elle est souvent prise dans nos églises pour une feuille de vigne à laquelle elle ressemble.

SAUGE (Salvia Salvatris)
La Sauge est l'herbe « qui sauve et qui guérit ». C'était une herbe sacrée chez les latins et elle jouissait d'un prestige extraordinaire dans tout le Moyen Age.
Sainte Hildegarde de Bingen disait : « Pourquoi mourrait l'homme dans le jardin de qui pousse la sauge si ce n'est qu'il n'existe aucun remède contre le pouvoir de la mort ? »
Au Moyen Age, on attribuait à la sauge, le pouvoir de ramener la chaleur dans les parties inanimées du corps. La sauge possède une action antiseptique, astringente, anti-inflammatoire, vermifuge, emménagogue et cholérétique. Elle soigne les troubles hépatiques, les infections des bronches et les états dépressifs.
On l'utilise aussi pour réduire la montée de lait.
Sur le plan spirituel, l'élixir de sauge aide l'individu à intégrer dans sa personnalité ses aspirations spirituelles.

SEDUM REPRISE
Son suc est encore un remède populaire contre les brûlures et les inflammations. Il calme les douleurs et enlève la chaleur.
A Orcival, près du baptistère, au fond de l'église se trouve un pilier avec sur son chapiteau central la représentation du Sedum reprise. La partie gauche du pilier montre un petit homme tout nu, en sueur, agitant la main pour bien montrer qu'il a chaud, expliquant ainsi l'usage spécifique de ce chapiteau anti-brûlures.

SENEÇON (Senecio jacobaea), herbe aux charpentiers, herbe de saint Jacques.
Le Séneçon Jacobée, fleurit le 25 juillet, le jour de la Saint- Jacques à qui il a pris son nom. C'est également ce jour qu'il est mis en lumière sur les chapiteaux le représentant.
Les femmes l'utilisaient pour leurs régies douloureuses.

Il serait impossible de faire un inventaire complet de toutes les herbes à découvrir sur les chapiteaux romans. Celles que je signale constituent simplement quelques exemples.

Dans son livre « Lire nos vieilles pierres » (Éditions du Cercle d'or), Jean Lamberton s'est posé le même problème que nous, et a retrouvé dans certaines églises de l'ouest de la France, des chapiteaux de feuillage qui sont en eux-mêmes une véritable pharmacopée. Dans l'église Saint-Eutrope de Saintes, il a retrouvé des plantes familières, toutes réputées pour avoir quelque vertu médicinale.
C'est ainsi qu'il a découvert : « ...près de trois feuilles d'érable bienvenues pour cicatriser les plaies, la massette d'un jonc Typha émergeant d'une touffe schématisée. Comme l'osier que l'on voit aussi, le jonc se prête à bien des usages : à partir de sa quenouille écrasée on fabriquait une pâte qui décongestionnait les fluxions. Au hasard encore, voici un mûrier qui apaise les maux de dents, les feuilles d'un chêne rouvre qui, infusées, guérissent l'angine ; le sceau de Salomon, pour les furoncles et les abcès ; la fougère mâle, vermifuge et le chardon-bénit qui guérit les fièvres ...».
Ce qui est intéressant dans le travail de Jean Lamberton, c'est qu'il met bien en évidence, ce que nous avons déjà affirmé, à savoir que chaque région produit sur ses chapiteaux ses représentations de plantes médicinales spécifiques.
C'est le travail de chacun, dans sa région, de comprendre comment et de quelle manière, les imagiers du Moyen Age, par une connaissance parfaite des lois de similitude, d'analogie et des contraires savaient canaliser dans un chapiteau l'énergie d'une simple plante, qui pouvait alors devenir source de régénération pour l'homme au cœur ouvert.
C'est donc à nous qu'il appartient aujourd'hui de continuer et de nouveau montrer l'exemple. Car cette nef, qu'est une église, qui flotte sur les eaux célestes, et qui reçoit son énergie des courants d'eau de la terre peut lui donner cette énergie de guérison qui le soulagera, conformément à la promesse d'Ezéchiel (47,12) :
« Au bord du torrent, sur chacune des rives, croîtront toutes sortes d'arbres dont le feuillage ne se flétrira pas et dont les fruits ne cesseront pas : ils produiront chaque mois des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Et ces fruits seront une nourriture et ces feuilles autant de remèdes. »

J’espère vous avoir transmis l'envie de feuilleter les livres de pierres.


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