lundi 21 février 2011

Randonnée en ECOSSE

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Que ce soit sur les forums ou à l’occasion de conversations entre randonneurs, il est stupéfiant de constater à quel point l’Ecosse attire et fascine. Mais cette portion nord du Royaume-Uni n’est ni uniforme et ni homogène, loin de là. Force est de constater à quel point les paysages peuvent changer en quelques dizaines de kilomètres. D’une immense plaine chargée de souvenirs de batailles, vous passerez d’un bond à une montagne ardue ou une plage déserte. Quoi de mieux qu’un périple en l’Ecosse sur les trois principaux sites de Rando (Ben Nevis, Ile de Skye et Canal Calédonien) pour s’y forger un avis trempé comme l’acier des sabres des Highlanders ? Une boucle du sud au nord de l’Ecosse avec en prime, de nombreuses haltes au pied de magnifiques châteaux datant parfois du XIIe siècle. En route pour le pays du Whisky, des cornemuses … et de la Rando !
L’Ecosse attire souvent comme un aimant les passionnés de Moyen-âge ou les aficionados de culture celtique. Mais cette partie du royaume de la couronne d’Angleterre semble toujours assez lointaine. Par la route, on s’imagine souvent devoir passer de longs jours pour y arriver. Qui plus est, le climat y est également un argument peu engageant. Mais comment expliquer alors, l’attraction de ce pays aux multiples lacs et à la forme aussi dentelée que les couvre-guéridons de nos aïeuls. Farouchement déterminé à éviter les foules et les températures caniculaires, je décidais de répondre favorablement à l’invitation de Walk in Scotland, le site Internet dédié à la Rando de l’Office du tourisme écossais, et d’embarquer femme et enfants en direction des Highlands (voir carnet de route). Le but de cette mission « pour le seigneur », étant de visiter les trois sites incontournables de la Rando locale, ainsi que la fine fleur des châteaux écossais. A noter pour finir à ce sujet, que bon nombre de ces monuments proposent des parcours plus ou moins difficiles en marge de leur visite (voir encadré). Alors si vous partez en direction de l’Ecosse, et que vous n’avez pas peur des fantômes, prévoyez large, au moins deux à trois semaines, vous ne serez pas déçus et vous reviendrez à coup sûr… humide, mais sous le charme de cette partie située à l’extrême nord de l’Angleterre. Suivez le guide !

Ecosse Pratique

En dehors de savoir que les anglais et écossais roulent à gauche, ce qui n’est pas si difficile d’ailleurs, il y a peu de différences entre nos pays. Sauf peut-être au niveau des horaires, car dans les petites villes, ne comptez rien trouver d’ouvert après 17 h 30. A part les pubs ! L’office du tourisme d’Ecosse dispose d’un site parfaitement construit et sur simple demande, une carte des campings locaux vous sera adressée par courrier. Pour les accros du GPS, il convient toutefois de se méfier, car de nombreuses routes secondaires sont quasiment à une voie, mais pas de panique, les écossais sont d’une courtoisie époustouflante et il existe de fréquentes aires de croisement.

A quelques kilomètres de Fort William, l’une des plus importantes villes d’Ecosse, se dresse le point culminant du pays. Avec ses 1 343 m d’altitude, le Ben Nevis n’est pas à proprement parler aussi impressionnant qu’un sommet des Alpes. Et pourtant, compte tenu des conditions climatiques locales, parfois dantesques, cette montagne est devenue le graal des randonneurs européens. A tel point que le John Muir Trust, une organisation quasi étatique chargée de mettre en valeur la nature sauvage écossaise, en a fait son quartier général. A quelques encablures du fameux pont des Jacobites, cher à Harry Potter, cette montagne est au centre d’incroyables infrastructures Outdoor fonctionnant été comme hiver.

Au paradis de l’Outdoor !

Côté Rando, les possibilités sont quasi inépuisables, plusieurs centres d’accompagnement (souvent les relais de nombreux voyagistes) vous accueilleront tout autour de Fort William. La montée sur le Ben Nevis étant en général le clou d’une semaine de Rando allant crescendo. Le jour de notre arrivée, au départ de cette ascension nous avons croisé une joyeuse troupe de polonais sabrant le champagne. Après une drôle de conversation en anglo-franco-polonais (et utilisant largement nos mains), nous avons appris que ces randonneurs venaient de pulvériser le record de la Rando du Ben Nevis. Le surlendemain, les guides du « Glen Nevis Visitor Centre » accompagnés de cadors locaux rendaient la monnaie de leur pièce aux polonais, qui dès le lendemain tentaient à nouveau l’ascension, mais sans succès. Tout ce petit monde se retrouvant chaque soir dans les Pubs du centre ville de Fort William pour se jeter une pinte derrière la cravate… Autant vous dire que l’ambiance y est festive et à 100% tournée vers la Rando.

Tous les chemins mènent...

Comme je vous le signalais plus haut, plusieurs structures locales se proposent de vous emmener sur le Glen Nevis Range, la zone entourant le Ben Nevis et rassemblant entre autres sommets : le Car Mor Dearg (1 223 mm) et le Aonach Beag (1 238 m). Mais sachez que ces structures, souvent associatives, ne rechignent pas à vous renseigner, même si vous partez sans elles. Des renseignements, vous en trouverez partout autour de Fort William, tant la Rando coule dans les veines des habitants. La rue principale, et piétonne, de la ville rassemble presque autant de magasins de fournitures de Rando que de pubs… C’est dire ! Pour ce qui est de l’Outdoor en général, sachez que l’été, le Nevis Range devient un centre névralgique du VTT de descente, et que l’hiver vous pouvez emprunter les mêmes pistes pour skier sans retenue ou randonner sur une superbe glace. A noter à ce titre, que les infrastructures de cette station sont dignes des stations familiales des Alpes ou des Pyrénées. Le Ben Nevis et ses environs sont aujourd’hui considérés comme une zone de Rando de très haut niveau, rassemblant cependant un panel complet de parcours allant du « Moderate » au « Free Climbing ». La meilleure période pour visiter cette région magique de la Rando étant de mai à septembre. Avant et après, prévoyez plus bien plus chaud qu’une Soft Shell !

A l’ouest de l’Ecosse, l’Ile de Skye est devenue en quelques années une sorte de Mecque de la Rando. Attirant autant les « crapahuteurs » locaux que les étrangers, (nous y avons même croisé une mini troupe de japonais ultra affûtés), cette île est aussi ravissante que parfois repoussante. En clair et en décodé, tout dépend de la météo. Selon certains vieux iliens, l’hiver arrive souvent… courant juillet ! Un humour « so british » certes, mais avec une solide pointe de véracité ! Tout commence en franchissant la mer, sur une île cela semble trivial, mais sachez que vous pourrez le faire de deux manières différentes. En effet, depuis une quinzaine d’années un pont vient franchir le Loch Aish (on vous épargnera l’impossible et gutturale prononciation) à Kyle of Lochaish. A partir de ce point, vous aurez la possibilité de monter plein nord, vers Portree (la principale ville de l’Ile de Skye) et Uig, pour y découvrir les monts du Trotternish. Arides et battues par les vents, ces montagnes de quelques centaines de mètres d’altitude vous offriront de magnifiques sensations de solitude extrême. Au nord de cette digitation, le mémorial Flora Mc Donald achèvera la visite en beauté, face à une mer souvent déchaînée.

Attention aux Midgets !

Si la partie nord-ouest le l’île ne présente que peu d’intérêt, en dehors du château de Dunvegan, surplombant avec majesté le loch éponyme, le centre et la partie sud de Skye vous raviront. Si la culture celtique et les Dolmens font partie de vos passions, ne ratez pas le site de Dun Beag Broch et sa Rando de presque quinze kilomètres en bord de mer et partant du château. En toute fin de parcours, vous arriverez sur un ensemble de pierres alignées, qui bien que moins impressionnantes que les anglaises de Stone Edge, méritent cependant le détour. A noter qu’entre Struan et Drynoch, un peu au sud, vous trouverez de somptueuses plages pour bivouaquer en toute quiétude. Le camping « sauvage » étant plus que toléré en Ecosse, à condition de respecter la nature. Il faudra pourtant vous méfier… Entre l’aube et le lever complet du soleil, les Midgets, sorte de minuscules moustiques, commenceront leur bal. En effet, ces insectes quasi éphémères qui naissent dans la terre tourbée de l’Ile de Skye, vous attaqueront sans répit bras, jambes, cou et visage. Les anglo-saxons ayant toujours une réponse appropriée à tout problème, s’équipent tels des apiculteurs et protègent les enfants de moustiquaires intégrales.

Allons saluer les phoques…

Au sud de l’Ile de Skye, le climat change radicalement. Parmi toutes les randonnées possibles, il en est une que je vous recommande particulièrement si vous avez le pied marin. En prenant un bateau à Elgol, vous traverserez le Loch Scavaig pour arriver après une bonne trentaine de minutes de navigation sur l’île de Soay. L’attrait principal de cette Rando, au-delà du plaisir de prendre la mer, réside dans une rencontre très particulière. Sur le chemin et sur tout le parcours de la Rando, vous serez accompagné par une myriade de phoques. La première rencontre se fera sur les îlots qui précèdent l’arrivée sur le ponton de débarquement (parfois sportif selon l’état de la mer…), et se poursuivra sur les plages bordant l’île de Soay. L’autre sujet d’émerveillement local sera la multitude de cascades, dont certaines tombent directement dans la mer. A noter que cette Rando de trois heures environ, est classifiée en « Moderate Walks » par le merveilleux site Walking in Scotland, qui se doit de devenir votre bible lors de la préparation de votre voyage. Il s’agit là du premier niveau de difficulté introduit par les spécialistes de ce site. Une classification très fiable, que nous avons eu le temps de vérifier, et qui intègre également la longueur des Rando. Au retour, soyez précis afin de ne pas rater le bateau, un thé bien chaud vous sera servi à bord. Au final, j’avoue être resté sous le charme de l’île de Skye, une île à la fois sauvage et attachante. Même si les températures dépassent peu souvent les 5/10° le matin au mois d’août, les maximales flirtant avec une vingtaine de degrés à la même époque, la découverte de cette partie de l’Ecosse est un véritable concentré de bonheur… A vivre intensément.

En quittant Fort William, on peut soit prendre la route vers l’Ile de Skye et les Hébrides à l’ouest, soit rejoindre Glasgow au sud, soit viser la capitale Edinburgh vers l’est. Sans oublier la possibilité de s’offrir une formidable Rando de trois à cinq jours en filant vers le Nord et Inversess. La Great Glen Way longe le canal calédonien dont la principale particularité est de rassembler plusieurs Loch, en permettant aux bateaux d’éviter de faire le tour de l’Ecosse pour rejoindre la côte nord et ouest à partir d’Inverness. Rien de bien palpitant me direz-vous, si je ne vous signale pas que l’un de ces lacs est le fameux Loch Ness. Le loch le plus profond et donc le plus sombre d’Ecosse. Pas étonnant qu’à la fin des années 50, un monstre baptisé Nessie fit son apparition un soir de brume. Mythe ou réalité, ce loch est une pure merveille à longer, tout comme les canaux et les écluses qui composent le canal calédonien. Particulièrement celles de Fort William, sept écluses qui peuvent accueillir des bateaux de plus de 110 m de long. Tout au long du Loch Ness, vous marcherez sur une série de chemins balisés se situant en contrebas des routes et souvent au bord de l’eau. Les possibilités de bivouac y étant très nombreuses et sûres, particulièrement à l’approche des écluses, où vous trouverez de mini ports fluviaux et toutes les commodités, eau, douche, WC, mini commerces etc… Le point fort de cette Rando étant Drumnadrochit. Cette petite cité abrite le merveilleux Urquhart Castle, un château en ruine certes, mais disposant d’une vue imprenable sur le lac et le Loch Ness Center, un mini musée où nous avons rencontré Adrian Shine, son concepteur. Personnage charismatique et attachant, notre homme vise à résoudre les mystères du Loch Ness, avec la collaboration d’une bonne vingtaine d’universités dans le monde. Sachez enfin que très souvent Adrian (et sa longue barbe blanche) fait le guide au Loch Ness Center, n’hésitez pas à le demander, il adore parler le français…en tous cas…un peu de français. La sortie nord du Loch Ness vous conduira vers Inverness en longeant un magnifique canal, pour un dernier chemin balisé, mais sachez que si vous aimez les dauphins, vous pourrez pousser jusqu’à Fort Rose, à 15 km au nord d’Inverness, car le ressac les amène deux fois par jour avec la marée. Un spectacle exceptionnel sur un site non moins fabuleux où vous pourrez planter votre tente ou profiter des nombreux Bed & Breakfast locaux.

Carnet de route

Comment raconter un voyage de vingt jours en quelques lignes et autant de photos ? Pas facile… le pari était osé, faire une sorte de tour de l’Ecosse en commençant par le sud ouest, puis aller rendre une petite visite à Nessie et enfin remonter au nord et à l’est pour redescendre par la route du Whisky. Joyeux programme … surtout à fin isn’t it mon cher Watson. De loch en Loch, nous sommes arrivés à Fort Williams, au pied du Ben Nevis, la montagne la plus haute du Royaume avec ses 1 344 m. De là, à une heure de route, vous vour retrouvez dans l’univers d’Harry Potter sous le pont de Glenfinnan, où la vapeur du « Jacobite Train » vous emmènera jusqu’à Mallaig, face à l’île de Skye (comptez une semaine pour la découvrir). Par la suite, nous sommes remontés sur le bord est du Loch Ness (pas de route à l’ouste, comme cela c’était réglé), jusqu’à Inverness. Un conseil, laissez cette ville de côté, et poussez jusqu’au camping de Findhorn, où une communauté d’artistes travaillent face à la mer. Petit crochet ensuite par Aberdeen pour redescendre via Glamis et Balmoral en direction d’Edinburgh. Ce sera également une excellente occasion de profiter des fameux taxis anglais et de programmer une City Rando dans Edinburgh et d’assister au Military Tattoo, exclusivement au mois d’août. Au passage, pensez à visiter au moins une distillerie et le plus de châteaux possibles. Au chapitre des châteaux, Quelques noms en vrac … Stirling, Caerlaverock, Inveraray, Scone Palace, Glamis, Crathes et Cawdor sont des incontournables. Sur votre route, essayez également de croiser la route d’un « scottish game », sorte de jeux de bravoure et de force pratiqué par de grands gaillards en Kilt. A noter que chaque clan ayant son tartan, ou motif de kilt, jouez aussi à les reconnaître. Sachez enfin vous rappeler que l’on roule de l’autre côté de la route… et que les routes écossaises sont étroites (j’y ai laissé un rétroviseur droit) et que les distances se comptent en heures et non en kilomètres. Comme en Corse, le mauvais temps en plus… A ce titre, la meilleure période pour visiter l’Ecosse reste d’avril à juillet. Les nuits y sont très courtes et souvent arrosées … de bière.

Brittany Ferries : c’est pas claustro !

Si vous prenez la route pour aller en Ecosse, à un moment vous serez face à la mer. Pour rejoindre l’île de sa gracieuse majesté, vous pouvez passer par le tunnel sous la Manche ou prendre le bateau. Après plusieurs essais par le « Shuttle », je dois avouer que je préfère largement la solution du Ferry. Moins « claustro » et source de détente, ce passage en bateau a le mérite de clairement marquer le début de votre virée anglo-saxonne. Pour ce dossier Ecosse, nous avons emprunté les lignes de Brittany Ferries depuis Caen/Ouistreham, et je dois avouer que nous n’avons pas « senti » les cinq heures de traversée. Un petit film au cinéma du bord, un sandwich, un café, l’addition, quelques minutes au bastingage, et la traversée s’achevait. Franchement, sauf si vous êtes réfractaire à la mer, le ferry est une solution à la fois économique et des plus agréables

Texte : Hervé Berdah // photos : One Lap 2 Go & Visitscotland

Article publié dans la revue VOYAGEZ RANDO n°2 Octobre - Novembre - Décembre 2010 - avec son aimable autorisation



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