samedi 29 août 2009

Le vagabond de l'inutile

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Il voyageait seul, peuplé de sa souffrance. Comme un voile brumeux au creux de ses souvenirs ; il n’espérait plus. Il se laissait couler le long de sa tristesse. Il regardait la vie, comme un spectateur surpris par tant de médiocrité. Il était grand par sa beauté d’âme. Doux comme une caresse, tendre comme un « je t’aime ». Il avait le regard foncé, de ceux qui savent voir derrière les miroirs. Jamais il ne tentait de se faire bien voir. Il attendait, sage, que l’on désire le voir. Par delà l’apparence il essayait de bien choisir les mots. Seul l’amour, il en était persuadé, pouvait le sortir de ce chemin sans gloire. Il aimait à chercher l’ultime de lui même, trouver la vérité, loin de ce monde qu’il jugeait si étroit, peuplé par tant de malices et si peu de tendresse. Il se consolait en riant de bon cœur, de tous les petits maux que la vie réservait.
Au prix du désespoir, il avait fini par renoncer à l’autre, mais à lui même aussi : Il s’était découvert plus vide encore. Il se découvrait tout à coup sans importance. Il se sentait vide de substance, avec pour tout ressort, un dégoût de lui même. « A quoi bon être, à quoi bon vouloir… ». Les années passaient, se succédant sans plus d’attrait. Ses blessures étaient rangées dans un tiroir de sa mémoire. Il les sentait dans un passé, capable de devenir présent, lorsque l’angoisse se faisait pressante. Et c’est en vagabond de l’inutile, qu’un soir, par les chemins virtuels, il décida, pour un temps de marcher avec son âne à la rencontre de lui-même, à la recherche de l’inutile…

Inspiré d’une nouvelle de Lauranne Mayeur.


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